La drépanocytose : une maladie mondiale
La distribution géographique de la mutation génétique à l’origine de la drépanocytose (gène ßS) est liée à deux facteurs principaux : la présence du paludisme et les déplacements de populations.
Drépanocytose et paludisme
Il est aujourd’hui démontré que le trait drépanocytaire (AS) entraine une diminution de plus de 90% du risque de développer un paludisme grave à P. falciparum par rapport aux personnes ayant de l’hémoglobine normale (AA). Ces données expliquent la haute fréquence de cette mutation en Afrique sub-saharienne, dans les régions méditerranéennes, le Moyen-Orient et l’Inde. Les mécanismes de cette interaction ne sont pas encore complètement élucidés.
La drépanocytose est donc apparue dans les régions où le paludisme est très présent.
Les mouvements de populations
C’est ainsi qu’aujourd’hui on trouve des malades de la drépanocytose partout dans le monde. La fréquence du gène ßS peut être très hétérogène entre zones géographiquement proches et varie en fonction de l’ethnie.
Par exemple, la prévalence du gène ßS au Brésil varie de 1,2% à 10,9%, en fonction de la région. Sur le continent africain, les fréquences les plus élevées, de l’ordre de 18%, ont été observées uniquement au nord de l’Angola.
Des fréquences supérieures à 10% ont été estimées en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, ainsi que dans certaines parties de l’Arabie Saoudite et de l’Inde. Chez les afro-américains, l’incidence à la naissance est de 1 nouveau-né sur 360. Aux Antilles françaises, elle est de 1 nouveau-né sur 300.
Une maladie historiquement raciale
Si la première description moderne de la drépanocytose remonte a priori à 1846 avec la publication d’écrits aux États-Unis qui exposent des cas d’esclaves montrant une résistance au paludisme avec une tendance aux ulcères de la jambe, la maladie n’est vraiment identifiée qu’au début du 20e siècle lors de la prise en charge dans un hôpital de Chicago d’un jeune étudiant venant de la Grenade qui présentait une anémie avec des globules rouges ayant une forme particulière. La drépanocytose était alors
identifiée comme « la maladie des Noirs ». Ce n’est que dans la deuxième moitié du 20e siècle que la recherche génétique montre que la présence du trait drépanocytaire est indépendante de la couleur de peau même si sa fréquence varie en fonction de l’ethnie.